Des signaux traduisent une amélioration des pratiques

Lors de ses déplacements, la mission du CGAAER a relevé plusieurs éléments contributifs à une approche plus professionnelle de la pulvérisation.

Signaux d'amélioration des pratiques

L’implication de l’accompagnement technique

Les doses d’emploi des spécialités phytopharmaceutiques sont homologuées avec une valeur nationale qui n’est pas systématiquement corrélée au volume de végétation à protéger. C’est par exemple le cas en appellation d’origine contrôlée (AOC) Champagne, où la conduite d’une vigne palissée et à faible écartement représente une masse foliaire plus élevée qu’ailleurs. De ce fait, l’interprofession Comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC) et les acteurs de la prescription ont œuvré pour que la qualité de la pulvérisation soit optimisée afin de compenser une moindre quantité appliquée par une plus grande efficience de l’impact des gouttelettes de produit.

La responsabilisation des filières économiques

Soucieuse de mettre en marché des produits de qualité irréprochable, et face à des exigences commerciales et sociétales accrues au fil du temps et de l’actualité médiatique, les organismes économiques collecteurs se sont vus imposer par la grande distribution des cahiers des charges drastiques. Ces mêmes acteurs ont alors transposé et répercuté ces exigences à leurs producteurs qu’ils soumettent à des normes de production assorties de procédures de contrôle. Ainsi, et notamment dans le secteur des fruits et légumes, les certificats de vérification des pulvérisateurs sont devenus des éléments de conditionnalité à l’établissement des contrats de livraison.

La démarche GLOBAL G.A.P. (GAP = Good Agricultural Practice), qui est un référentiel privé rédigé pour la filière fruits et légumes à l'initiative de la grande distribution d'Europe du nord en 1997, a été citée à la mission par la coopérative COFRUID’OC comme étant un levier possible pour introduire là encore une professionnalisation de la pulvérisation dans les exploitations.

Sans recourir à des cahiers des charges aussi formalisés que dans les exemples évoqués précédemment, certaines filières, comme l’AOC Champagne, soucieuse de préserver l’image de marque du produit, promeuvent auprès de leurs livreurs une démarche de progrès technique aux prolongements environnementaux (réduction des herbicides chimiques), en mettant à disposition des techniciens prodiguant des conseils autour du réglage des pulvérisateurs.

Des initiatives chez les distributeurs de produits phytosanitaires

Un réflexe jusque là bien ancré chez l’agriculteur consiste à attribuer l’échec d’une protection de la culture à la mauvaise efficacité d’un produit phytopharmaceutique et par conséquent à se retourner contre le distributeur qui a prescrit et délivré le produit incriminé.

Face à la montée en puissance des litiges commerciaux liés à ces attitudes et convaincus par ailleurs des performances détenues par les produits phytosanitaires, des distributeurs s’organisent de plus en plus pour inciter leurs clients à s’intéresser également à la performance de leur appareil, prouvant ainsi que la machine est aussi déterminante que le produit pulvérisé. 

Ils ont pour cela pris des initiatives aussi variées qu’efficaces :

  • démonstration de réglage d’appareil à la parcelle au moyen de bandes révélatrices de la qualité des impacts et de la répartition spatiale de la bouillie ;
  • tenue d’un registre des appareils détenus par les adhérents et relance de ces derniers faite avant la date anniversaire du contrôle périodique ;
  • établissement d’un partenariat entre une coopérative et un organisme de contrôle avec intermédiation financière et organisationnelle entre le prestataire et l’agriculteur.

Des démarches chez les concessionnaires de machinisme

A l’instar des distributeurs d’agrofourniture, les concessionnaires trouvent également intérêt à prolonger l’acte de vente d’une machine par une véritable mise en service, y compris à la parcelle, et assortie d’un réglage expliqué à l’agriculteur. La mise sur le marché d’appareils plus performants, plus chers, nécessitant une plus grande maîtrise justifie d’autant plus cet accompagnement.

Outre la prévention d’un litige venant d’un mauvais usage de l’appareil, cette prestation est présentée comme un service supplémentaire proposé à l’adhérent, dont la fidélisation est souvent le coproduit.

La chambre d’agriculture de l’Aube a de son côté noué un partenariat avec un distributeur de matériel à qui elle propose l’appui de ses techniciens pour une meilleure appropriation du matériel lors de la mise en route chez l’acquéreur.

A ce stade, la mission dégage un premier faisceau de conclusions, étayées par les constats et vérifications précédents :

  • le terrain dispose d’outils et d’acteurs à même d’accompagner les agriculteurs sur la voie du progrès dans la pulvérisation ;
  • l’agriculteur lui-même doit être mis, autant sinon plus que le pulvérisateur, au centre d’un dispositif combinant l’inspection périodique et le réglage des appareils ;
  • les interlocuteurs rencontrés et à qui cette idée a été exposée ont tous sans exception souscrit à cette nouvelle approche.

 

Source : rapport CGAAER N° 16097