Les facteurs bloquants et favorisants du contrôle périodique

Lors de ses entretiens, la mission du CGAAER s’est attachée à identifier les difficultés de fonctionnement remontées par les différents organismes. Des améliorations sont possibles, mais il n’a pas été observé de dysfonctionnement bloquant le fonctionnement d’ensemble du dispositif, à une exception près.

Facteurs bloquants du contrôle

Le principal point de blocage : le manque d’attractivité du contrôle périodique

Après examen du discours de ses interlocuteurs, la mission formule un constat : le principal frein observé vient de l'image du contrôle périodique obligatoire, et de son manque d’attractivité. Comme l’initiative d’apporter un appareil au contrôle périodique obligatoire appartient aux propriétaires de ces matériels, ce manque d'attractivité du contrôle périodique doit être surmonté en priorité.

Pour mieux saisir les motivations des utilisateurs de pulvérisateurs, la mission a examiné leurs postures par rapport au contrôle périodique.

Une typologie des utilisateurs de pulvérisateurs

Les interlocuteurs de la mission décrivent trois catégories parmi les utilisateurs de pulvérisateurs quant à leurs attitudes face au contrôle périodique obligatoire :

  • les utilisateurs motivés : ils montrent de l’intérêt pour le matériel de pulvérisation et la maîtrise de la qualité de pulvérisation, dont ils perçoivent les bénéfices. Ils sont volontaires pour présenter leurs appareils au contrôle obligatoire, mais aussi pour avoir des prestations de réglage en vue d’optimiser la pulvérisation ;
  • les utilisateurs négligents : ils ne présentent pas leur appareil spontanément au contrôle, sans toutefois y être opposés. Une relance à la date échéance du contrôle permet de les mettre en conformité avec la réglementation. Ils ne perçoivent pas spontanément les bénéfices du bon réglage du pulvérisateur, mais ils sont réceptifs aux explications données pour améliorer leur maîtrise de leur outil
  • les utilisateurs récalcitrants à l’égard du contrôle obligatoire. Les paragraphes suivants sont plus particulièrement liés à ces personnes.

L’inspection périodique pâtit d’une image souvent mauvaise…

A l’instar de ce qui a été vécu lors de la mise en place du dispositif CERTIPHYTO, la profession agricole a souvent ressenti l’obligation d’inspection périodique comme une tracasserie administrative supplémentaire, qualifiée de « nouvelle taxe sans valeur ajoutée au plan technique ».

Beaucoup d’utilisateurs récalcitrants sont persuadés de la qualité de leur pulvérisation, même si l’appareil n’a pas été réglé depuis son achat. D’autres, au contraire, redoutent que leur pulvérisateur soit déclaré inapte et ne bénéficie pas de la conformité à la réglementation.

De leur côté, des inspecteurs rencontrés par la mission ont fait état d’un mauvais accueil par des exploitants qui les assimilent à des agents répressifs de l’État.

… mais qui peut s’améliorer par la suite

Les a priori négatifs exposés précédemment conduisent certains propriétaires à ne pas assister aux opérations de contrôle, alors que l’inspecteur est à même de valoriser la présence de l’agriculteur pour lui communiquer ou lui rappeler les fondamentaux sur la constitution et l’emploi de son pulvérisateur.

De nombreux témoignages rapportés à la mission font ainsi état de l’intérêt porté par les propriétaires pour :

  • la redécouverte des appareils (dont la constitution et la maîtrise sont ainsi démythifiées)
  • l’importance de l’entretien et du réglage, non seulement pour la conformité réglementaire mais aussi pour son efficacité en matière de protection.

Ces effets induits sont amplifiés lorsque l’agriculteur se fait accompagner par un ou plusieurs voisins. Cette réappropriation de la pulvérisation est une étape nécessaire dans une démarche de qualité et de progrès. Elle ouvre la voie à l’importance du réglage dont la mission fait un levier essentiel complémentaire à l’inspection dont l’image sera ainsi renforcée.

La relation au pulvérisateur : un appareil trop souvent déconsidéré

En dehors du tracteur lui-même, le pulvérisateur est le seul agroéquipement dont l’emploi est systématique sur toute une exploitation, mais paradoxalement, cela n’en fait pas le matériel bénéficiant de la plus haute attention.

Sur la base des témoignages recueillis, la mission a observé un parallèle entre la considération pour le pulvérisateur et l’attitude par rapport à l’inspection périodique, comme vu dans les trois groupes d’utilisateurs précédemment évoqués.

 

Source : rapport CGAAER N° 16097